Trois semaines avec moi
Cesserais-je un jour de dire ça ? Au risque de me répéter : la vie de pigiste est décidément passionnante.
Après avoir travaillé pendant deux mois, quasiment à temps plein, pour un site internet (à refaire de fond en comble, et en urgence s'il vous plait) sur le handicap, voilà qu'un message msn du responsable éditorial me parvient.
"Tiling ! (c'est le bruit du nouveau message msn) On n'a plus du tout de budget pour les piges. On a tout dépensé"
Moi : "Ca veut dire que notre collaboration s'arrête là ?"
Lui : "Mets toi en stand-by, ne commence aucun nouveau sujet tant que je n'ai pas réglé cette histoire de budget. D'ailleurs, la prochaine conférence de rédaction est annulée".
Depuis, plus de nouvelles.
Pas grave, me dis-je, toujours débordante d'enthousiasme, de bonne volonté et de talent (si, si), j'ai d'autres articles en prévision. Et toc ! même, me dis-je. Pour une fois, ils m'auront pas. Et, paf, derechef, je me mets à plancher sur un gros dossier sur les aberrations. Saviez vous que les discothèques ne ferment pas à la même heure à Saint Brieuc et à Bordeaux ? Hein ? Et que si les impôts vous réclament plus d'argent que vous n'en devez il faudra payer d'abord et contester ensuite ? Hein ? Et que vous pouvez manœuvrer un voilier sans avoir le permis bateau ? Hein ? Totalement aberrant, tout ça….
Paf ! Une fois l'article fini, je pars interviewer Tété. Et vlan, j'enchaîne sur les peintures écologiques (même que je peux vous expliquer comment fabriquer vous-même un badigeon à la chaux). Et puis ensuite, je vous dirais tout sur les nouveaux jouets high-tech pour nos enfants, puis sur les maisons du futur, et même plus précisément sur les maisons nanotechnologiques, oui madame. Des maisons avec des capteurs intelligents dans le sol, des vitres autonettoyantes, des panneaux solaires et des cheminées à vent. Des nanomatériaux dans tous les coins et recoins. Et après, paf, je pars interviewer Charlélie Couture dans les Vosges. Et quand je rentre (il a fait beau et Charlélie est très sympa, oui) je me plonge dans un univers où la technologie (encore elle) fait réagir nos cinq sens. Et puis, je continue avec un petit article "tendance" sur un magasin "tendance" d'accessoires.
Et me revoilà, ouf, le temps d'une pause, en train d'écrire un article pour la Pigeonne. Car je sens bien que les plaintes grondent. Je les entends.
Mais, le nez dans mes papiers, les yeux devant mon écran, l'oreille rivée au combinée téléphonique, j'avais à peine le temps de regarder un épisode de Malcolm sur Paris Première le soir, moi. Notez que je ne veux pas me plaindre, hein, loin de moi cette idée. En trois semaines, j'ai appris des tonnes de trucs. Je me demande parfois comment je ne suis pas devenue schizophrène à passer d'une interview musique à une interview technologique, d'une interview technologique à une interview écologique, d'une interview écologique à une interview… Bref. Je crois que tout va bien, dans mon cerveau tout est à la bonne place (du moins, ne nous avançons pas trop, à la même place qu'avant…).
Du coup, au risque de me répéter, j'ose encore une fois le dire : c'est fou ce qu'on sait comme trucs que les gens ignorent quand on est journaliste. Et c'est pas demain que ça va s'arrêter. Parce que demain, je fais un article sur la loi du 11 février 2005, dite "loi pour l'égalité des chances". Vous avez entendu parler de cette loi ? Vous savez ce qu'elle raconte ? Ce qu'elle va changer ? Non ?
Bah moi, si !